Une crise du logement sévit au Québec et s’intensifie depuis plusieurs années. Elle appelle les personnes aux postes décisionnels à trouver des réponses aux causes sous-jacentes. Elle donne aussi l’occasion à certaines personnalités de faire de la récupération politique.

Cela fait plusieurs mois que le Parti québécois (PQ) a décidé pour des raisons électoralistes que les immigrant-e-s et les minorités étaient le problème. Alors qu’il minimisait les débuts de la crise du logement en 2021, Paul St-Pierre Plamondon a décidé de s’emparer de ce grand sujet d’actualité pour justifier ses positions idéologiques.

Qu’en disent les expert-e-s?

Les prises de position en matière d’immigration sont le fruit de nombreux amalgames et nient bien souvent les réalités économiques qui ne satisfont pas le récit populaire attendu. C’est la raison pour laquelle le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a tenu a rappeler la non-responsabilité de l’immigration dans la crise du logement. Dans une récente lettre, Karl Blackburn pointe du doigt la pénurie d’habitations ayant causé l’envolée des prix des logements locatifs. Une situation qui est justifiée par « le manque de productivité dans le secteur de la construction, les fluctuations économiques et les coûts de construction élevés ».

C’est aussi l’analyse fournie par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) qui estime que la crise du logement est en partie causée par le recul dans l’abordabilité au logement. Le manque d’encadrement du marché locatif et la difficulté d’accéder à la propriété en raison de l’explosion des prix de l’immobilier ont exercé une pression négative sur les ménages à faibles revenus, et ce depuis des années.

D’ailleurs, les villes qui accueillent le moins de personnes migrantes sont celles ayant le plus faible taux d’inoccupation des logements. Et celles qui en accueillent le plus, notamment Montréal, ont le taux de logements vacants le plus élevé. Une fois ces arguments entendus, on comprend qu’il faut faire plusieurs raccourcis pour rendre l’immigration responsable de la crise du logement.

L’actualité au service d’une idéologie

Mais Paul St-Pierre Plamondon n’en démord pas, balaye les arguments des spécialistes et s’argue même d’être le seul à porter « un regard lucide sur la situation sociale et économique qui découle des seuils d’immigration » : l’immigration est selon lui le vecteur de la crise sociale que nous vivons et qui est amenée à s’aggraver.

C’est un discours qui s’inscrit dans une orientation générale de différents pays visant à faire des personnes migrantes des boucs émissaires de l’ensemble des problèmes sociaux. Ceci n’est pas sans rappeler les époques où l’on blâmait injustement les personnes migrantes pour le taux de chômage élevé.

D’ailleurs, Pierre Poilièvre, chef du Parti conservateur du Canada, attribue lui aussi la crise du logement aux politiques migratoires malgré les arguments des expert-e-s.

L’amalgame facile semble rejoindre messieurs Poilièvre et St-Pierre Plamondon.

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